Liberia

Liberia, c'est une histoire vraie et méconnue, celle de l'African Return. Une Histoire avec un grand H, scandaleusement absente des livres d'Histoire. Honnêtement, je n'avais jamais entendu parler de ces colons noirs venus, ou revenus, s'installer sur la côte Africaine au milieu du XIXe siècle. Et pourtant, quel incroyable chemin ils ont parcouru !

Liberia, c'est une fiction qui n'en est pas une, où les personnages historiques se confondent avec leurs versions romancées. Comme le Julius Washington du roman qui ressemble étrangement à l'Augustus du même nom, premier daguerréotypiste du Liberia, et bien réel lui. Ou encore comme la famille Hartwell Cocke qui – hormis le prénom du patriarche John devenu George – est tout aussi réelle que les présidents Jefferson et Madison, pour ne citer qu'eux.

Liberia, c'est un roman captivant, extrêmement bien documenté, qui vous fait traverser l'océan à bord de majestueux v...

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Quand j'avais cinq ans je m'ai tué

Quand j'ai lu pour la première fois l'histoire de Gil, j'étais à peine plus âgée que lui ; aujourd'hui c'est mon fils qui a son âge. Et la transposition n'en est que plus forte, l'émotion plus violente.

Gil est un gamin hors normes, dont l'imagination trop riche et la soif de vivre perturbent, pour ne pas dire effraient son entourage. Ses parents, engoncés dans leurs principes étouffants, désemparés devant ce fils qu'ils ne comprennent pas, ne savent pas l'aimer, malgré une évidente bonne volonté de la manman. Alors quand il rencontre Jessica, une petite fille aussi lunaire que lui, c'est le coup de foudre, même s'il ne sait pas encore mettre de mots sur cet émoi. Mais pour les adultes bien-pensants, les enfants ne sont que de petits êtres incomplets, incapable de sentiments. Et c'est le drame.

Interloqué de se retrouver isolé dans la "Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes" à cause de Lire la suite...

La route

La route fut longue et éprouvante, tant pour les protagonistes de Cormac McCarty que pour moi simple lectrice.

Un style décousu – cette avalanche de "et" est proprement indigeste, des dialogues brefs et sans chaleur, des personnages déshumanisés auquel il est difficile de s'attacher et une mise en page inexistante. D'accord, tout cela cadre avec l'ambiance post-apocalyptique que l'auteur cherche à dépeindre... mais cela rend également la lecture très désagréable. Entre ennui et désintérêt, rarement un livre dont le propos est pourtant ouvertement poignant m'aura provoqué si peu d'émotion.

Alors SF ou pas SF je ne sais pas, mais une chose est sûre, ce roman, quoiqu’original, n'était pas pour moi.

En vieillissant les hommes pleurent

Peut-être qu'en vieillissant les hommes pleurent, mais moi je n'ai pas attendu pour que ce magnifique roman me tire une larme. J'en sors soufflée et émue. Séduite, mais le c½ur serré.

Albert est un ancien. Il n'a que 50 ans mais il appartient au passé, il aime le passé, il ne se reconnait pas dans cette modernité qui envahit petit à petit sa vie. Sans amertume, il va au cours de cette unique journée, revenir sur les renoncements qui ont marqué son existence, et surtout sonder les replis de son c½ur. Sous des dehors de colosse, c'est en fait un homme fragilisé luttant maladroitement contre une vague qui le noie peu à peu. Un témoignage touchant. Puis au spleen succède la force de l'hommage : un dernier chapitre en aparté, sorte de post-scriptum qui m'aura marquée plus profondément encore. La ligne Maginot, le grand mensonge du siècle. Bouc-émissaire d'une défaite dont elle n'est pas responsable, elle cristallise encore aujourd'hui la honte des soldats défaits par cette d...

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Assez de bleu dans le ciel

J'ai retrouvé Maggie O'Farrell ! Après un léger passage à vide avec « En cas de forte chaleur », elle signe ici une épopée magistrale, de la trempe de ses plus grands romans. Comme à son habitude, c'est en mêlant les époques et les points de vue qu'elle bâtit, pierre par pierre, telle une architecte des mots, une fresque immense. Une construction impressionnante, centrée sur deux personnages principaux, Daniel et Claudette, mais riche de tous ceux qui les entourent, et où, à l'instar du battement d'aile d'un papillon, chaque détail à son importance.

La narration est étourdissante de justesse, s'adaptant chapitre après chapitre à l'humeur, à l'époque, au c½ur de ses personnages. Tous portent sur eux-même un regard étrangement distancié. Tous nous livrent leur failles et leurs émois, en toute humilité, en toute humanité. Ce livre n'a pas un sujet, mais mille. Deuil, divorce, alcoolisme, infertilité ...

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En cas de forte chaleur

Été 1976, la canicule s'abat sur la Grande-Bretagne. Réunie par la fugue inopinée du père, la famille Riordan règle ses comptes. Sous la fournaise, les langues se délient tandis que les liens distendus petit à petit se resserrent...

Le problème quand on lit un roman d'un de ses auteurs préférés, c'est qu'on prend le risque d'être déçu. Ce qui aura été mon cas ici, du moins en partie. Car même si la qualité du roman reste indéniable, l'intrigue est un peu trop convenue, j'avais compris l'essentiel à la page 260. Mais surtout, j'ai trouvé la fin vraiment bâclée, notamment en ce qui concerne Aoife*. Quel dommage que ce personnage, pourtant si complexe, si riche ne soit pas plus développé ! Elle aurait presque mérité un roman pour elle toute seule. Clairement, Maggie O'Farrell a préféré se concentrer sur les liens familiaux que sur son intrigue ; car entre secrets évidents et indices tombés du ciel, la poursuite du père est digne d'une enquête du Club des Cinq (ceci étant d...

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Le petit Bonzi

Quand je lis un roman de Sorj Chalandon, je deviens empathique, et le Petit Bonzi n'échappe pas à la règle. Tout au fil du livre, j'ai éprouvé de la solitude, de la peine, et surtout un fort sentiment d'abandon. De l'abandon que ressent un enfant lorsque, drapés dans leur "sagesse", les adultes ne comprennent pas ses souffrances, ne les voient même pas. Le petit Jacques m'a ramené 30 ans en arrière, il m'a serré les tripes comme quand j'avais son âge. Je me suis revue, démunie face à ces petits mensonges qui enflaient dans ma tête, et ces bêtises qui me paraissaient insurmontables ; on a beau dire « Petit, petits soucis, grand, grands ennuis », les petits soucis de Jacques m'ont semblé accablants, comme à lui. Et j'admire tellement Sorj Chalandon pour ça ; pour être capable, malgré son vécu – ou peut-être grâce à ce vécu – de comprendre, et de me rappeler à quel point il n'est pas facile d'être un enfant.

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Elinor Jones

Séduite au premier regard par le graphisme en couverture, et par le fait que les 3 tomes soient disponibles en même temps à la bibliothèque (rien ne m'agace plus que de commencer une série sans en trouver la fin !), j'ai emprunté les Elinor Jones comme ça, sur une impulsion et sans savoir qu'en attendre.

Alors soyons clair, c'est une bande-dessinée qui s'adresse à un jeune public, il ne faut donc pas trop lui en demander en terme de profondeur et de réflexion, mais tout de même j'ai trouvé l'intrigue intéressante et plutôt bien construite. Certains sujets sont un peu trop survolés à mon goût, comme l'anorexie de l'héroïne ou les ennuis de monsieur Tiffany, mais sûrement le support BD y est pour beaucoup. Raison pour laquelle je n'en lis que rarement.

Tout de même, s'il est vrai que la trame pêche un peu par sa simplicité, l'esthétisme lui est une vraie réussite. Les décors sont superbes, et les costumes tout simplement fantastiques ! Avec quel plaisir ai-je i...

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Le Puits Des Histoires Perdues

Thursday – imitée par son dodo Picwick – attend un bébé. Traquée de toutes parts dans le monde réel, elle trouve refuge dans « Les hauts de Caversham », un polar de seconde zone dans lequel elle va remplacer l'héroïne pour quelques temps, tout en poursuivant aux côtés de la flamboyante Miss Havisham son apprentissage d'agent de la Jurifiction.

Troisième opus des aventures de Thursday Next, « Le puits des histoires perdues » est un peu moins palpitant que les précédents. La présentation détaillée du Puits et de son organisation complexe y est sans doute pour beaucoup. Cela dit, malgré un rythme plus lent et une intrigue plus longue à se mettre en place, c'est avec un plaisir comparable que j'ai dévoré ce tome. Certaines scènes sont hautement jubilatoires, comme l'atelier "Gestion de la colère" dans « Lire la suite...

Leïla, fille de Gomorrhe

Suite à la défaite de l'empire Ottoman dans la Grande Guerre, İstanbul * est occupée par les armées Alliées. Les britanniques surtout sont omniprésents, se pavanant en pays conquis, foulant au pied culture et traditions, répandant leur vice avec nonchalance. La société turque elle, fait face tant bien que mal à cette humiliation, tiraillée entre haine et opportunisme. Devenue une société de paraître, la haute bourgeoisie se répand en mondanités qui rappellent, en plus épicées, celles toutes Victoriennes des Austen et consort.

C'est dans ce milieu en plaqué or que la vénéneuse Leïla affole les passions. Jeune, riche et jolie, elle brille de mille feux alternant cajoleries et bravades comme une enfant capricieuse. Sa personnalité est un curieux mélange entre la frivolité d'une Lydia Bennet...

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