Mes citations

[...] on n'a pas toujours les moyens de consoler ses propres enfants.

Mais la vie est simple, Rebecca, très simple même, quand on ne s'acharne pas à la rendre impossible.

L'humeur des grands, c'est comme le ciel : on ne sait jamais qui du soleil ou de l'éclair l'emportera avant d'avoir pointé son nez dehors.

L'enfance est une atmosphère. Décor impalpable et mouvant, mélange d'odeurs et de lumières. Les silhouettes qui l'habitent sont fuyantes, et finissent par s'envoler. Sa mélodie est apaisante, la seconde d'après elle se met à grincer. Agonie à l'envers, épopée ordinaire, c'est le début de tout ; une fin en soi. L'enfance est irréparable. Voilà pourquoi, à peine advenue, nous la poussons gentiment dans les abîmes de l'oubli. Mais elle nous court après – petit chien fébrile – et nous poursuit jusqu'à la tombe. Comment peut-on en garder si peu de souvenirs quand elle s'acharne à laisser tant de traces 

A huit ans, on ne sait pas comment on fait pour récupérer ça, Maman. On ne sait même pas que c'est irrécupérable. On vit avec. Tout seul. Les taches. Et la honte. Plus on grandit , plus elle devient énorme, sale, monstrueuse, moins on peut la dire. Alors on la cache tout au fond, pour l'oublier.
Et puis tu meurs, Maman, et tout revient.

Lola dit qu'on écrit son destin, qu'il faut juste trouver la bonne encre pour que ni la pluie ni le vent n'effacent l'histoire que l'on a décidé de vivre.

Je n'ai jamais réussi à dompter mes émotions. Une partie de moi refuse de grandir, car l'enfant en moi, c'est tout ce qui me reste de notre vie d'avant. De ce moment où j'avais encore un chez-moi. Un vrai.

Heureusement qu'on a ça, nous autres humains, la colère. Pendant qu'on enrage sur un potentiel responsable, on cesse un peu d'avoir mal.

Elle est femme, elle est jeune : sa vie appartient à tout le monde.

Les chrétiens baptisent leurs enfants à l'eau bénite ; Rim a été baptisée aux larmes de sa mère, qui a éclaté en sanglots en apprenant la nouvelle : elle venait de mettre au monde une fille.

J'existais encore un peu partout, à dix ans, vingt-cinq ans. Ma jeunesse n'était perdue que pour moi. Ça fait pas grand monde.

J'étais maintenant rattaché à ce point dans ma vie, [...] je ne me voyais plus comme un type de trente-neuf ans un peu perdu, mais comme un garçon de seize qui en avait vécu vingt-trois depuis.

Les crocodiles pleurent, mais le ragondin ne se laisse pas avoir (il a autre chose à faire que les consoler, il a sa place dans la jungle).

Sur mon carnet bleu j'ai écrit : « C'est l'histoire de quatre femmes. Elles se sont aventurées au plus loin. Jusqu'au plus obscur, au plus dangereux, au plus dément. Ensemble, elles ont détruit le pavillon des cancéreuses pour élever une joyeuse citadelle. »

« Ni, Breizhiz a galon, karomp hon gwir Vro ! », « Nous, Bretons de c½ur, nous aimons notre vrai pays ! »

Courageuse. Je n'entendais que ça. Courageuse pourquoi ? Parce que je passais à la librairie en souriant ? Parce que j'allais acheter une baguette pas trop cuite en cherchant ma monnaie ? Parce que je marchais sur le trottoir, au milieu de tous les bien-portants ? Quel courage ? Je n'étais pas courageuse, je résistais. Je faisais avec. Je me levais le matin avec la peur au ventre. J'avais le sein tailladé, un boîtier sous la peau, du poison rouge plein les veines, le crâne chauve, la bouche douloureuse, le c½ur qui martelait, des envies de vomir, les articulations douloureuses, le ventre torturé. Je n'étais pas courageuse, je marchais droit devant. Et comme je le pouvais.

Je pourrais faire ça pour eux. Ça aurait du sens. Leur montrer qu'on peut se battre. Lutter pour devenir meilleur. Qu'on n'est pas prédestinés. Que le travail peut mener à la récompense. Je pourrais avoir ce rôle. Sauf que moi je voudrais être à leur place. Moi aussi je voudrais être là-haut, à regarder quelqu'un le faire pour moi.

Elle m'a trouvé moi. Assez éduqué pour échanger trois mots. Assez joli pour être désirable. Trop marqué cependant pour devenir intime. Trop sauvage pour être apprivoisé à long terme. Trop peu désireux de vivre.

L’ennui, c’est de la gestion. Ça se construit. Ça se stimule. Il faut un certain sens de la mesure. On a trouvé la parade, on s’amuse à se faire chier. On désamorce. Ça nous arrive d’être frustrés, mais l’essentiel pour nous c’est de rester à notre place. Parce que de là où on est on n’en risque pas de tomber.

En fin de compte, nous allons pouvoir mettre sur pied notre Programme Principal.
— Et qui consiste en... ?
— Posséder... Tout !
— Dans un monde à courte vue, dont le Présent est amoindri ?
— Bien sûr ! Avec une masse docile qui s'adonne au culte du moi et ne recherche que la gratification immédiate, il y a matière à fourguer une flopée de saloperies inutiles en tant que « dernier truc qu'il faut avoir »